25 septembre 2017

Parce que c'est l'émotion qui dirige le monde

Quand j'étais plus jeune, j'avais cette idée que "les grands" étaient actifs dans le monde sur la base d'une réflexion rationnelle, que les prix des choses étaient fixés par des contraintes matérielles incontournables et que les hommes et femmes politiques agissaient pour l'intérêt commun en fonction, là aussi, de contraintes incontournables.
Depuis que je suis moi-même une "grande", je mesure mieux l'ampleur de ma naïveté... Un des premiers chocs fut d'apprendre l'existence de ce qu'on appelle "le cours des matières premières". Ainsi donc, le prix du cacao ou du blé n'est pas le même selon qu'il y en a beaucoup ou pas. J'ai donc commencé à comprendre la différence entre valeur (absolue) et prix (relatif). Ou plutôt j'ai commencé à comprendre qu'il y avait une différence entre les deux. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai toujours pas vraiment compris la justification de cette différence...
Je ne vais pas faire la grande enfant pendant longtemps, vous avez compris où je voulais en venir. En revanche, voilà ce que je tiens à dire : je continue à trouver pour le moins remarquable, ou pour le dire plus crûment, atterrant, que l'essentiel de l'activité des "grandes personnes" se déploie toujours sous le masque de la rationalité et du plus grand sérieux. Pourquoi donc est-il si difficile d'admettre que le carburant des affaires du monde est et reste les émotions, les instincts, la stratégie la plus raffinée mise au service des instincts les plus bas ? Quel orgueil de se prétendre civilisé alors que la plupart des grandes décisions sont prises dans l'animalité la plus totale ! Et que je défends mon territoire et mes intérêts les plus immédiats, sans me soucier du reste du monde dès qu'il est tant soit peu éloigné de mon nombril...
Pour autant, je ne suis ni nihiliste, ni défaitiste, ni complotiste. Je vois bien qu'il y a aussi des hommes et des femmes, "grands" ou "petits", qui n'agissent pas par pur égoïsme et qui voient un peu plus loin que leur petit pré carré. Et même parfois à l'échelle de pays entiers : les quelques informations qui filtrent au sujet du Bhoutan, pour peu qu'elles soient fiables, donnent vraiment de l'espoir. De même, le système éducatif du Danemark montre bien qu'il y a des dirigeants qui peuvent se remettre en question et regarder la réalité en face plutôt que de privilégier certains principes dépassés comme la compétition et le primat de l'institution sur l'individu. Donc oui, j'ai de l'espoir. Je m'en fais un devoir. Et je préfère consacrer mon énergie à observer et relayer le positif plutôt que ce qui nous tire vers le bas. Mais parfois, quand j'observe le monde tel qu'il va, je m'étonne...

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