30 janvier 2011

Religion, moto, Gandhi

vendredi 28 janvier, le soir

 

            Les deux Indiens avec qui j'ai eu l'occasion de parler jusqu'à maintenant (Swapan ici, Sanjeev en Chine) ont, malgré leur différence d'âge, des positions similaires sur la religion. Rejet de tout dogmatisme, une forme de syncrétisme rationnel dans lequel on garde les idées les plus simples : ouverture, égalité, honnêteté. Pour Sanjeev, Osho représentait cela. Swapan est d'une caste de brahmanes mais s'en est éloigné quand, enfant, on lui a interdit de parler à des membres d'une caste inférieure. Après un passage par l'Église d'Angleterre – lors de son séjour à Londres –, il s'en est détourné encore en voyant que la messe n'était qu'une question de savoir "who's here and who's not" et que les prêtres ne pouvaient pas répondre à sa question sur pourquoi ceux nés avant le Christ ne pouvaient pas être sauvés. Il parle maintenant d'une énergie globale avec laquelle il s'agit d'être en harmonie – "in tune". Des positions très modernes, en affinité avec les miennes.

 

 

samedi 29 janvier

 

Un inventaire à la "qui vous savez"

            beaucoup de moustiques

            une nuit agitée

            pas de petit-déjeuner

            ni de raton-laveur

            une moto, deux passagers, moult bosses et nids-de-poules, quelques bleus au postérieur ?

            une ville traversée au moins à moitié

            une vache

            une promenade en bord de mer

            une petite fille qui vend un éventail en plumes de paon

            une exposition sur Gandhi

            de jeunes garçons déguisés en Gandhiji, torse nu, linge blanc sur caleçon de plage, lunettes à monture noire, filet couleur chair sur la tête et bâton en main – la marche du sel puissance vingt-cinq

            deux macaques

            toujours pas de raton-laveur

            une porte colossale, en pierre (Gateway to India)

            un roi (George V), une rein (Mary), une date (1911), une visite unique

            les derniers soldats qui quittent le sous-continent par le même endroit

            des masses de touristes

            un bracelet de fleurs odorantes en échange d'un milkshake "for the baby"

            des vendeurs de gadgets comme à Shanghaï (Bund) ou à Paris (Champ de Mars)

            de jeunes demoiselles qui gloussent "how are you" et qui prennent volontiers la pose

            trois chèvres

            une carte postale

            deux épis de maïs grillés

            du maïs plein les dents

            une foire aux livres : cuisine indienne pour offrir (bibi), photographie (Swapan)

            le plus grand bidonville de l'Union Indienne

            des chevaux attelés à des calèches kitschissimes

            des odeurs d'ordures, de soudure, de nourriture

            des piétons inconscients

            des cyclistes à la stature hollandaise

            des motards zig-zaguant

            des tricycles à moteur

            des taxis en pagaille

            des camions peinturlurés

            une frayeur tous les cinq mètres

            des chiens miséreux

            des chats dans les poubelles

            des enfants pieds nus

            un train qui roule toutes portes ouvertes

            un bus idem

            des bambins aux yeux soulignés de khôl noir

            pas un seul raton-laveur

            une journée à Mumbai

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