14 septembre 2006

j'ai beaucoup ri (un peu jaune, m'enfin...)

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Reportage
Singapour "cornaque" les militants anti-Banque mondiale
LE MONDE | 13.09.06 |

A Singapour, on ne plaisante pas avec l'ordre, et les manifestants anti-FMI et anti-Banque mondiale ont commencé à s'en apercevoir, avant l'ouverture des assemblées d'automne de ces institutions.

Tout d'abord, les manifestants ne seront pas légion, et si 500 membres d'environ 261 organisations non gouvernementales (ONG) ont été dûment accrédités, 28 militants, originaires notamment des Philippines, d'Indonésie et d'Italie, ont été déclarés indésirables par les autorités singapouriennes. Pas question de transformer le "meilleur des mondes" singapourien en pétaudière façon Seattle ou Gênes.

La Banque mondiale a plaidé pour une plus grande démocratie, et son président, Paul Wolfowitz, devrait tenter, une fois de plus, ce mercredi, de faire fléchir le gouvernement de Goh Chok Tong sur l'interdiction de manifester sur la voie publique. Plutôt cocasse de voir la Banque mondiale demander d'autoriser ses pires ennemis à l'agonir d'injures dans la rue !

Mais les Singapouriens se veulent inébranlables. Les "mesures nécessaires" annoncées feraient reculer le gauchiste le plus aguerri. Dix mille membres des forces de sécurité - dont des appelés du contingent -, des garde-côtes et des hélicoptères veilleront autour du périmètre sécurisé du centre international des congrès.

"Si quelqu'un se comporte de manière menaçante, la police fera usage de tous les moyens possibles, y compris d'armes à feu susceptibles de tuer", a annoncé le chef des opérations, Aubeck Kam. Bonne fille, la police a tout de même prévu un exutoire au mécontentement planétaire. A l'intérieur du centre des congrès, elle a réservé un espace de 50 mètres carrés, dont l'Agence France-Presse estime la capacité à 360 manifestants bien serrés sur l'équivalent d'un terrain de basket.

Les heureux contestataires ainsi "cornaqués" pourront s'époumoner, mais sans mégaphones. Les policiers leur fourniront des panneaux en plastique où ils pourront écrire toutes les insanités imaginables à l'endroit des fauteurs de mondialisation, à condition de ne pas utiliser de termes susceptibles de "provoquer une atteinte à l'ordre publique, de jeter le trouble, de heurter les sensibilités religieuses, raciales et ethniques". Ce qui risque de limiter la pugnacité des slogans...

Les plus combatifs pourront confectionner des banderoles, mais sous réserve qu'elles ne soient pas portées au bout de barres de métal ou de manches en bois : pour éviter ces objets contondants par destination, la police fournira des rouleaux de papier. Les calicots n'y gagneront pas en hauteur. Dans ce contexte "cool" mais pas vraiment "soixante-huitard", on ne s'étonnera pas que soit requis "une tenue correcte en permanence".

Heureusement, il y a les Indonésiens. Ils viennent d'autoriser la tenue d'un sommet des mouvements alternatifs anti-FMI et anti-Banque mondiale sur l'île de Batam, à quelques dizaines de minutes de navigation de Singapour. Peut-être à la demande de la Banque mondiale. En tout cas, cette promotion d'un genre un peu spécial pourrait valoir à la zone franche qui se trouve à Batam une réelle notoriété chez les investisseurs tentés de miser sur un autre "tigre" économique, mais avec la liberté en plus.
Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 14.09.06

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